Enfin libre
Février 2008. Nojoud Ali, neuf ans, est mariée par son père à un homme de plus de 30 ans. Battue par sa belle-famille, violée, la petite fille décide de s’enfuir deux mois plus tard. Elle se rend seule au tribunal et patiente pendant des heures, avant qu’un juge, Mohammed al-Ghadhi, lui ouvre enfin sa porte. Là, Nojoud raconte son calvaire, et exige le divorce. Le juge décide de la protéger et l’héberge temporairement. Sans plus attendre, il place le père et le mari de Nojoud en détention provisoire. En attendant leurs jugements.
La petite fille entrevoit enfin de l’espoir quand Chadha Nasser, une avocate qui défend les droits des femmes, décide de prendre en charge son dossier, gratuitement. Avec la mobilisation sans précédent de la presse locale, l’avocate défend que le mari a enfreint la loi yéménite qui autorise les mariages avec les petites filles mais interdit les rapports intimes avant que les jeunes épouses soient plus âgées. Chadha Nasser plaide que le mari a abusé de sa femme, alors qu’elle n’était pas prête. Le jugement est rendu quelques jours plus tard seulement. Nojoud peut enfin briser les liens du mariage. Elle divorce le 15 avril. Son père et son ex-mari sont remis en liberté.
Pour cet acte historique, le magazine américain Glamour décide de faire figurer Nojoud Ali parmi les « dix femmes de l’année 2008 », aux côtés d’Hillary Clinton, de la star de Hollywood, Nicole Kidman, ou encore de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. En décembre, Nojoud est venue recevoir son titre à New York, accompagnée de son avocate.
Aujourd’hui, Nojoud Ali est retournée à l’école, comme le font normalement les petites filles de son âge. Elle est devenue un symbole pour toutes celles qui subissent les mêmes traitements.
Les droits d’auteur du livre de Delphine Minoui seront reversés à Nojoud pour financer ses études. Pour continuer ce combat, elle envisage une carrière d’avocate, en hommage à celle qui lui a permis de recouvrer sa liberté.